Parmi les solutions d’envoi d’emails ayant implémenté la fonctionnalité Date d’expiration, six outils ont franchi le pas. Notre objectif est d’interviewer les product managers de ces solutions pour comprendre comment s’est déroulée l’implémentation.

Cette interview vise à rassurer les équipes produit des solutions d’envoi d’emails qui n’ont pas encore intégré la fonctionnalité « Date d’expiration » à leur solution. L’objectif est de les encourager à passer à l’action !

Interview de Pierre-Yves Dubreucq, Co-fondateur et CTO de deux solutions Mindbaz et Sweego par Marion Duchatelet, consultante emailing et CRM chez Badsender et co-responsable de plaidoyer du projet.

Marion Duchatelet – Badsender : Salut Pierre-Yves. Pierre-Yves, tu es cofondateur et CTO de deux solutions que sont Mindbaz et Sweego. Mindbaz est une solution d’envoi d’email marketing et de newsletter. Et Sweego, c’est une plateforme d’envoi d’emails et de SMS transactionnels plutôt à destination des développeurs et des product managers.

On est ici aujourd’hui parce que dans ces deux outils, vous avez implémenté la fonctionnalité de date d’expiration des emails. Et du coup, l’idée, c’est de faire une petite série d’interviews pour voir comment vous avez fait, combien de temps ça vous a pris, quels débats peut-être ça a généré en interne. L’objectif, c’est de susciter l’envie à d’autres solutions de routage d’implémenter la date d’expiration dans leurs outils. Du coup, ma première question, elle est celle-ci :

Quelle a été la durée du développement ?

Pierre-Yves Dubreucq : Très court ! Côté Mindbaz, ça nous a pris une petite dizaine d’heures : 20 heures de dev front et back, une dizaine d’heures de conception en étant assez large et puis une dizaine d’heures sur toute une autre partie un peu plus bas niveau. Mais en gros, c’était très rapide. Et puis sur Sweego, ça nous a pris juste une journée, parce qu’on n’a pas de problématique d’interface, comme on peut l’avoir avec Mindbaz, donc ça a été plus vite.

Combien de personnes ont été mobilisées ?

Pierre-Yves Dubreucq : Sur Mindbaz, il y a eu cinq personnes de mobilisées : un PM (Product Manager), une personne à la data, un DevOps, un back et un front. Et sur Sweego, une seule et même personne, un DevOps.

Comment vous avez priorisé cette fonctionnalité dans votre roadmap produit déjà très chargée ?

Pierre-Yves Dubreucq : C’était une volonté de notre part. Dès que j’ai entendu parler de ce projet de date d’expiration dans l’email, j’ai trouvé que c’était assez vertueux. Donc on a été très vite emballés. Je crois qu’on était dans les premiers à l’implémenter. Et comme finalement, c’est un projet qui est très court et très rapide, ça a été assez facile à positionner dans la roadmap. Le gros du travail sur ce projet-là, c’est côté fournisseur de boîte mail. Nous, on a « juste » à permettre à nos clients d’intégrer une date d’expiration. Donc ça, c’est facile. Ça correspondait à nos valeurs, on n’a pas eu besoin de réfléchir longtemps.

Comment vous avez réfléchi à l’UX de la fonctionnalité ? Est-ce que ça a créé des débats en interne ?

Pierre-Yves Dubreucq : Au niveau des équipes, on a une sensibilité assez similaire sur tous nos collaborateurs, sur tout ce qui touche à l’écologie, donc tout le monde était assez emballé. Il n’y a pas eu de débat sur « Est-ce qu’on y va ou pas ». Après, il y a forcément eu des discussions sur où est-ce qu’on met la fonctionnalité ? Est-ce qu’on la positionne de manière globale ? Est-ce qu’on le fait à la campagne ? Il y a eu un peu plus de questionnements là-dessus au niveau de Mindbaz. Sur Sweego, tout se passe par appel API ou via l’envoi en SMTP, donc, il n’y a pas eu de débat.

Vous l’avez implémentée là où vos utilisateurs paramètrent l’expéditeur, l’objet, le préheader et la date d’envoi ou c’est un peu moins visible dans les configurations un peu plus techniques ?

Pierre-Yves Dubreucq : Aujourd’hui, on est au niveau de la configuration d’envoi. Ils peuvent définir par défaut le nombre de jours souhaité après la date d’envoi pour faire expirer leurs emails.

Avez-vous prévu la possibilité de définir un nombre de jours par typologie de campagne ? Par exemple, pour mes envois d’emails commerciaux, je paramètre une date d’expiration à 30 jours après l’envoi. Pour mes newsletters, à 15 jours. Ou est-ce que c’est à remplir à la mano à chaque campagne ?

Pierre-Yves Dubreucq : Non. Pour l’instant, on détermine pour tous les envois une date d’expiration par défaut. Mais j’ai un petit doute à savoir si on peut différencier les emails commerciaux, des emails de type newsletter ou même transactionnel. Je sais qu’une des évolutions, ce sera justement de définir la date d’expiration à la campagne directement, donc ce sera plus facile et plus précis, mais pour l’instant, c’est au niveau de la configuration d’envoi.

Est-ce que vous connaissez les statistiques d’utilisation de cette fonctionnalité ?

Pierre-Yves Dubreucq : Aujourd’hui, on ne mesure pas du tout les stats d’utilisation de nos fonctionnalités.

Est-ce que vous avez un peu modifié votre façon d’onboarder les clients pour qu’ils puissent prendre conscience de la fonctionnalité et donc maximiser son utilisation ?

Pierre-Yves Dubreucq : La fonctionnalité est présentée à nos clients dans nos fiches d’onboarding. Quand nous l’avons lancée, nous en avons parlé autour de nous. Mais, on ne la martèle peut-être pas assez. Comme elle ne présente ni intérêt commercial direct, ni avantage en termes de délivrabilité, son adoption doit dépendre de la sensibilité de nos clients à ce type de sujet.

Quand vous en parlez, c’est bien accueilli de la part de vos clients ?

Pierre-Yves Dubreucq : Oui, pour le coup, il n’y a personne qui va nous dire le contraire. Je sais que quand on a parlé du sujet de tech à tech, il y avait des débats sur l’empreinte carbone que la suppression allait générer. On comprend facilement que ça va limiter le stockage, parce qu’on aura moins d’emails en boîte. Par contre, la consommation d’énergie liée au traitement de la suppression de cette date d’expiration est différente. Mais avec nos utilisateurs marketing, on n’a pas ce type de discussion. Ils l’accueillent plutôt bien. Quand je présente Sweego ou Mindbaz, ça fait partie des choses que je mets en avant.

C’est un argument commercial ?

Pierre-Yves Dubreucq : Moi, c’est quelque chose qui me rend fier. De me dire qu’on fait quelque chose pour améliorer les choses. Ça dépend de la sensibilité de chacun, mais c’est clairement l’un des axes que je sors quand je présente nos solutions.

Quel conseil donnerais-tu à une équipe produit qui souhaiterait mettre en place cette fonctionnalité ?

Pierre-Yves Dubreucq : Si on a envie de le faire, il faut y aller. C’est très rapide et très facile. Franchement, j’ai dit 40 heures, mais je suis quasiment sûr que c’est moins.

40 heures, ça fait quand même une semaine…

Pierre-Yves Dubreucq : Ouais, mais en prenant toute la partie produit, échanges, développement, recettage. Pour une fonctionnalité, c’est pas grand-chose. Il n’y a pas 36 000 questions à se poser. En termes d’implémentation, il y a juste à suivre la RFC qui a été écrite. Donc franchement, c’est facile.

Que dirais-tu aux personnes qui refusent de prioriser cette fonctionnalité parce qu’elles préfèrent développer des fonctionnalités jugées plus stratégiques, comme l’IA ? Ces autres fonctionnalités sont très attendues par la majorité des utilisateurs et pourraient générer plus de revenus…

Pierre-Yves Dubreucq : C’est sûr que l’IA c’est un bouleversement, c’est une lame de fond. Aujourd’hui, il y en a partout, ça va changer nos métiers, ça va changer les produits. Maintenant, encore une fois, cette fonctionnalité est tellement rapide à mettre en place qu’il faut y aller si on veut faire quelque chose de bien… En plus, l’email a un peu une mauvaise image en termes d’écologie. Alors que c’est un protocole qui a été inventé il y a plus de 50 ans. À une époque où on n’avait pas les mêmes capacités machines, donc c’est forcément peu énergivore, contrairement à la publicité ciblée sur les réseaux sociaux. Là, on a l’occasion de faire un petit quelque chose. C’est sûr que ce n’est pas ça qui va déclencher des ventes, mais si vous avez des clients qui ont une appétence envers l’écologie… ce serait quand même pas mal de nos jours, il faut y aller.

Marion Duchatelet – Badsender : Je te remercie, Pierre-Yves. À bientôt.

Aperçu de la fonctionnalité dans Mindbaz

L’entretien en replay